Cercle d'Histoire et d'Archéologie de Lobbes 
Destruction de l’abbaye 
 

 La division Desjardin est chargée d'arracher aux impériaux la position de Lobbes et le camp que ces derniers ont installé sur les hauteurs de la rive gauche de la Sambre. Dans la nuit du 10 au 11 mai 1794 sous une pluie diluvienne les français prennent le pont de Lobbes et envahissent l'abbaye. L'abbaye avait été abandonnée ; religieux, domestiques, tous avaient fui. La racaille s'y introduit et dès le matin suivant, un dimanche, la curée commença. Les Soldats, aidés par les habitants de Lobbes et des localités avoisinantes, se livrent à un pillage général qui dura quatre jours entiers. Le 13 mai dans une nouvelle conférence tenue à Lobbes où Desjardin a installé son quartier général, le sort des abbayes de Lobbes et d'Aulne est décidé. Malgré les véhémentes protestations des généraux, Saint-Just donne l’ordre d’anéantir ces 2 abbayes
AC WOTQUENNE 

Les constructions sont d'une telle solidité que les premières tentatives furent vaines. Trois fois le général républicain fait allumer l'incendie ; à la troisième fois seulement le feu se déclare. Pour ce faire, il fallut entasser sous les combles du bois et d'autres matières combustibles. L'incendie ainsi alimenté se développe bientôt avec fureur; toute la toiture de la basilique brûle; mais la voûte et les murailles résistèrent à l'action du feu. La bibliothèque est l'objet d'une distinction particulière de la part de Charbonnier. Ce nouvel Omar, aussi ignorant que cruel, fait ramasser une foule de livres et divers anciens manuscrits et les fait brûler sous ses yeux. La haine aveugle qu'il apporte à cette oeuvre de destruction est remarquable ; des soldats sont disposés autour du bûcher pour distribuer des coups de sabre aux habitants de l'endroit désireux d'emporter quelques souvenirs de l'abbaye. Les livres que le feu ne consume point sont entassés dans de longues barques, appelées alors vulgairement baquets. Ils y séjournèrent si longtemps que la plupart furent complètement avariés. Ceux que l'on a retrouvés depuis plus ou moins bien conservés, ont été transportés à Broche, puis à Bruxelles et exposés en vente publique.

Mais les habitants sont déçus dans leurs espérances. Dépouillée par ceux qui avaient promis de l'enrichir, accablée d'injures et de mauvais traitements, la population de Lobbes doit comprendre alors la grandeur de la perte qu'elle a fait au départ des religieux et par la ruine de l'abbaye. Cette fois, privée de tout soutien, n'ayant plus les moines pour la soulager, elle tombe dans une profonde misère. Diverses familles doivent se sauver dans les bois de Lobbes et de Fontaine pour se mettre à l'abri des attaques des républicains.